Annie Uwase, 27 ans, a trouvé sa passion et son succès, contre toute attente, dans le secteur du tourisme au Rwanda.
Se targuant d'être la toute première femme guide touristique du pays, Annie s'efforce de changer les perceptions qui entravent l'avancement des femmes et l'obtention d'un travail intéressant dans le secteur de l'hôtellerie et du tourisme. Elle se souvient d'une époque où elle recevait toutes sortes de commentaires de la part de visiteurs, d'amis et de collègues guides sur son choix de carrière "non conventionnel".
J'allais chercher les visiteurs à l'aéroport ou à l'endroit où ils séjournaient pour un voyage et leur réaction était soit la surprise, soit le scepticisme, soit l'interrogation
Le choix de carrière d'Annie n'a pas non plus été bien accueilli par sa famille. Ses parents voulaient qu'elle étudie l'économie à l'université, mais elle s'est inscrite à des études de tourisme. Ce choix a suscité de nombreux conflits familiaux, car ils associaient les jeunes femmes travaillant dans le secteur du tourisme à l'immoralité sexuelle, et plus particulièrement à la prostitution. Au fil des ans, Annie a dû faire face à cette opinion négative de la part de ses amis, de ses clients, de sa famille et même de ses collègues.
Rester positive
"J'ai décidé dès le départ que mon choix de carrière unique ne deviendrait pas un obstacle dans ma vie, mais qu'il serait au contraire l'occasion de faire prendre conscience de la capacité, des compétences et des connaissances que les femmes peuvent avoir dans n'importe quel domaine.
La passion d'Annie pour ce secteur vient du fait qu'elle peut gagner de l'argent en faisant des choses qu'elle aime tout en continuant à appeler cela un "travail".
Mon travail s'apparente à des vacances payées à l'avance, tous les jours, toute la journée.
Le métier de guide touristique exige un mélange de connaissances interpersonnelles, intellectuelles et pratiques. Parce que les intérêts des touristes varient et que leurs questions sur la région vont de la nature et des paysages à la culture et à l'histoire, en passant par l'économie et l'actualité, Annie a dû devenir une lectrice et une apprenante avide. En outre, elle doit posséder des compétences techniques et mécaniques pour pouvoir conduire ses circuits.
"J'aime apprendre de nouvelles choses et, pour moi, cela signifie que j'ai dû m'investir dans l'apprentissage de l'histoire des lieux, ainsi que des plantes et des animaux et de leurs noms botaniques, afin d'être bien informée lorsque les touristes posent des questions", explique-t-elle.
Une source d'inspiration pour la jeunesse rwandaise
Annie a continué à inspirer d'autres jeunes Rwandais à la recherche d'un emploi. Grâce à ses interventions lors d'événements pour la jeunesse organisés par Harambee Rwanda dans le cadre de l'initiative Hanga Ahazaza de la Fondation Mastercard, elle a changé la perception de l'industrie du tourisme et de l'hôtellerie auprès de centaines de ses pairs.
"Je partage mon histoire pour inspirer les jeunes à surmonter les perceptions négatives qui ont été inculquées par la société et la culture au sujet de l'industrie", dit-elle, "J'encourage également les jeunes filles à éviter d'accepter des mentalités limitatives et à faire ce qu'elles aiment".
Annie insiste sur le fait qu'il faut absolument que davantage de jeunes femmes travaillent dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie, afin qu'elles puissent non seulement transformer leur propre vie, mais aussi faire évoluer les mentalités.
Le manque de compréhension de ce qu'implique l'industrie du tourisme doit être comblé par une recherche éclairée. Les jeunes doivent entendre les histoires de réussite de femmes qui ont créé des entreprises, sont devenues mères et ont fait progresser leur carrière tout en conservant leur engagement et leur passion pour l'industrie
L'initiative Hanga Ahazaza mettra en place une série d'événements visant particulièrement à soutenir l'employabilité des jeunes femmes dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie. Bien que les hommes ne soient pas exclus, les défis qui ont entravé l'avancement du secteur sont le résultat de l'engagement limité et de l'autonomisation des femmes travaillant dans le tourisme.
Par conséquent, si l'on modifie le regard négatif porté sur les femmes, qui les empêche de rejoindre le secteur, elles seront plus nombreuses à s'engager à y rester et à y faire carrière. Plus le secteur du tourisme et de l'hôtellerie créera d'opportunités pour des femmes comme Annie, plus elles pourront faire partie de la solution.
Gloria Iribagiza est une rédactrice indépendante basée à Kigali, au Rwanda. Depuis plus de 12 ans, elle écrit pour la presse écrite et contribue à diverses publications numériques. Elle est convaincue que la narration a le pouvoir de changer la vie des gens parce que "les histoires sont la monnaie de l'âme" Gloria pense que l'écriture offre des découvertes sans fin à ceux qui choisissent de voir le monde à travers les diverses perspectives des histoires partagées.