Les femmes autochtones s'élèvent

De gauche à droite : Tara Thompson, chef de l'administration, Debbie Venne, agent administratif exécutif, Karalan Francis, étudiant en 4e année de commerce à l'université des FN, Jacqueline Ottmann, présidente, Brenda Green, conseillère principale en matière de partenariats et de développement, Kristin Francis, directrice de la communication.

De gauche à droite : Tara Thompson, chef de l'administration, Debbie Venne, agent administratif exécutif, Karalan Francis, étudiant en 4e année de commerce à l'université des FN, Jacqueline Ottmann, présidente, Brenda Green, conseillère principale en matière de partenariats et de développement, Kristin Francis, directrice de la communication.

Jacqueline Ottmann, présidente de l'Université des Premières Nations du Canada, s'exprime sur le rôle que jouent les établissements d'enseignement supérieur autochtones dans l'élimination des obstacles auxquels sont confrontées les femmes autochtones et dans l'amélioration des résultats pour tous.

Question

Comment l'Université des Premières Nations du Canada s'efforce-t-elle de lutter contre les préjugés et les obstacles auxquels les femmes autochtones sont confrontées lorsqu'elles accèdent à l'enseignement postsecondaire ?

Réponse :

Avant la colonisation et l'assujettissement systémique des femmes autochtones, celles-ci occupaient des positions importantes et élevées dans nos communautés. Les femmes autochtones étaient au cœur de nos communautés en tant que dirigeantes, décideuses, influentes, enseignantes, protectrices de l'eau, gardiennes du feu et gardiennes de la loi.

Malgré les difficultés rencontrées par notre peuple, les femmes autochtones sont restées inébranlables dans leurs connaissances et résilientes dans leur pouvoir. Les femmes fortes sont omniprésentes dans nos récits et évidentes dans nos communautés aujourd'hui. Nous sommes une force vitale qui renforce la communauté. Je suis fière de dire que ces vérités et ces enseignements sont partagés à l'Université des Premières Nations du Canada (FNUniv). À l'UPNC, 78 % de la population étudiante est féminine et nombre de nos apprenants sont des mères de famille nombreuse. Nous nous efforçons activement d'inspirer, d'autonomiser, d'élever et de soutenir les femmes. Ce travail prend de nombreuses formes.

Par exemple, par le biais de bourses d'études, de services de garde d'enfants, de services de soutien aux aînés et au bien-être, et d'autres ressources, nous cherchons à soutenir les aspects financiers, spirituels et émotionnels du bien-être des étudiants, d'une manière bienveillante et holistique.

Pour situer le contexte, l'histoire de l'UPNC est jalonnée de femmes dirigeantes influentes. Lorsque l'UPNC a vu le jour sous le nom de Saskatchewan Indian Federated College (SIFC) en mai 1976, sa première dirigeante était Ida Wasacase, qui était nêhiyaw (crie). Ida, décrite comme "forte en esprit", était une activiste, une visionnaire, une personne confiante qui s'appuyait sur les enseignements nêhiyaw pour trouver force et sagesse. Plus tard, Shauneen Pete (nêhiyaw, Dakota et Saulteaux) a été vice-présidente de l'enseignement et présidente par intérim de l'Université des Premières Nations du Canada. Shauneen Pete est une conteuse, une enseignante, une chercheuse et une mentor captivante et accomplie.

Aujourd'hui, après avoir acquis une expérience précieuse dans deux universités U15, j'ai le privilège de servir l'Université des Premières Nations du Canada en tant que président, en tant qu'Anishinaabekwe de la Première nation de Fishing Lake. Il est très important de voir les femmes autochtones se faire une place en tant que dirigeantes dans les établissements d'enseignement et ailleurs. Les femmes occupant des postes de direction sont par nature des modèles pour les jeunes filles et les autres femmes ; elles présentent un autre visage de la direction. En fin de compte, nous avons un sens aigu du but à atteindre à l'UPNC parce que, par l'intermédiaire de nos diplômés, nous guérissons et reconstruisons nos nations.

Question

Comment les établissements d'enseignement postsecondaire autochtones mènent-ils un changement transformateur ?

Réponse :

Il est important de reconnaître que les jeunes autochtones constituent une ressource incroyable, un don qui aidera à répondre aux besoins intellectuels, de compétences, d'emploi et économiques qui se font sentir dans de nombreux secteurs.

Les jeunes autochtones continuent d'être la population qui connaît la croissance la plus rapide au Canada. C'est pourquoi Statistique Canada prévoit que d'ici 2041 (dans 16 ans), la population autochtone pourrait croître de façon exponentielle pour atteindre 3,2 millions de personnes, contre 1,8 million auparavant. Lorsque les jeunes autochtones bénéficient d'un soutien global, de la maternelle à l'entrée sur le marché du travail, en passant par l'obtention d'un diplôme d'études postsecondaires ou d'une école de métiers, nous en profitons tous.

Sur le plan financier, cela pourrait se traduire par une contribution annuelle de 27,7 milliards de dollars (au minimum) au PIB du Canada. Sur le plan des talents, les organisations bénéficient des diverses perspectives que les autochtones apportent sur le lieu de travail. En ce qui concerne le bien-être et la guérison, l'emploi donne un sens à la vie des autochtones, influençant positivement les familles et les communautés, ce qui conduit à la prospérité et à la réconciliation économiques.

Les étudiants des établissements d'enseignement postsecondaire appartenant à des autochtones et gérés par eux connaissent un succès incroyable en termes de taux d'achèvement des programmes. En fait, 75 à 85 % des étudiants des établissements postsecondaires autochtones terminent leurs études, contre 55 à 75 % dans les autres établissements.

À l'UPNC, nous sommes conscients de l'importance du travail que nous accomplissons. Notre cause et notre responsabilité sont importantes. Personnellement, j'ai le sentiment qu'il est urgent d'aider à améliorer la vie des jeunes autochtones grâce à une éducation culturellement forte, affirmant leur identité et fondée sur la force. Et nous en voyons l'impact de première main.

Je suis toujours impressionnée par les réalisations de nos étudiants et de nos anciens élèves. Ils ont eu un impact significatif sur tous les secteurs. Nous avons un potentiel énorme. En embrassant et en accueillant les jeunes autochtones, notre avenir ne sera rien de moins qu'incroyable.

Dr. Jacqueline Ottmann dans une robe noire avec un motif frappant

Jacqueline Ottmann

Jacqueline Ottmann est une Anishinaabe (Saulteaux) de la Première nation de Fishing Lake, en Saskatchewan. Avant d'entamer sa carrière universitaire, Jackie a été enseignante dans le primaire et le secondaire, et directrice d'école. Elle reste une universitaire engagée tout en assumant ses responsabilités en tant que responsable académique. À l'université de Calgary, elle a été coordinatrice du programme de formation des enseignants des Premières nations, des Métis et des Inuits et directrice des initiatives d'éducation indigène au sein de la Werklund School of Education (WSE). Elle a également coprésidé la stratégie indigène de la WSE et, avec le recteur, la stratégie indigène de l'ensemble de l'université.

Pendant son séjour à l'Université de la Saskatchewan en tant que professeure et première vice-rectrice à l'engagement indigène, Mme Ottmann s'est attachée à influencer l'université par des changements systémiques et profonds à l'échelle de l'organisation (par exemple, une politique de gestion des données intégrant les principes de PCAP), ainsi qu'à diriger et à mener à bien la toute première stratégie indigène.

Jacqueline Ottmann a été nommée présidente de l'Université des Premières Nations du Canada en septembre 2021. Mme Ottmann est reconnue comme une chercheuse internationale, une avocate et une instigatrice du changement dont l'objectif est de transformer les pratiques en y intégrant le leadership, les méthodologies et les pédagogies indigènes. Jacqueline est déterminée à créer des écoles et des communautés qui favorisent un sentiment plus profond d'appartenance et d'appréciation des peuples autochtones - de leur histoire, de leurs récits, de leurs façons de connaître et d'être. Mme Ottmann est également la première personne autochtone à devenir présidente de la Société canadienne pour l'étude de l'éducation.