Une nouvelle enquête nationale révèle comment les jeunes Canadiens autochtones et non autochtones envisagent l'avenir et la réconciliation entre leurs peuples. Premier du genre, le Baromètre de la réconciliation de la jeunesse canadienne décrit l'état de la réconciliation chez les jeunes Canadiens (âgés de 16 à 29 ans) à travers leurs attitudes, leurs aspirations, leurs priorités et leurs expériences.
Les résultats montrent que les jeunes du Canada dans son ensemble sont conscients et engagés lorsqu'il s'agit de l'histoire des relations entre autochtones et non-autochtones et de la réconciliation en particulier. Les aspirations et les points de vue des deux populations de jeunes concordent de manière frappante, les jeunes autochtones accordant une plus grande priorité à l'éducation en tant qu'objectif clé de leur vie.
L'enquête a été réalisée au début de l'année par l'institut de recherche par sondage Environics, un organisme à but non lucratif, en partenariat avec le Canadian Roots Exchange et la Mastercard Foundation.
Les résultats de cette enquête devraient inciter le Canada à un optimisme prudent : "Il est clair que nous sommes sur la bonne voie, mais nous avons encore un long chemin à parcourir", a déclaré Max FineDay, directeur exécutif de Canadian Roots Exchange. "Les jeunes, qu'ils soient autochtones ou non, apprennent pourquoi cette relation est rompue et sont optimistes quant à notre capacité à la réparer."
Les principales conclusions de l'enquête sont les suivantes
- Les jeunes Canadiens entretiennent des liens et des interactions considérables avec les personnes appartenant à l'autre population, qui vont jusqu'à des amitiés étroites : Plus de huit jeunes autochtones sur dix et un quart des jeunes non autochtones déclarent avoir un ou plusieurs amis proches dans l'autre population. En outre, les interactions avec les individus de l'autre population sont le plus souvent positives en termes de confort et de respect.
- Les jeunes autochtones et non autochtones sont largement d'accord sur l'état actuel des relations entre leurs peuples, sur l'ampleur de la discrimination subie par les peuples autochtones et sur la nécessité de s'attaquer à l'héritage de la colonisation, en particulier en termes de réduction des inégalités socio-économiques, d'intégration des perspectives autochtones sur la communauté, la terre et la culture, et d'amélioration de la compréhension de l'histoire par les non-autochtones.
- La plupart des jeunes au Canada ont une certaine familiarité avec le concept de réconciliation, bien que celle-ci soit plus forte chez les jeunes autochtones. Pour les deux populations, la réconciliation consiste à rétablir les relations et la confiance, à présenter des excuses, à faire amende honorable et à corriger les torts du passé. De nombreux membres des deux populations ont vu ou entendu parler d'exemples spécifiques de progrès vers la réconciliation sous la forme d'excuses, d'actions gouvernementales, d'initiatives éducatives et de programmes culturels.
- Les jeunes autochtones et non autochtones voient un certain nombre d'obstacles à la réconciliation, notamment des mythes et des stéréotypes sur ce que les peuples autochtones reçoivent du Canada, un manque de leadership politique pour mettre en œuvre un véritable changement et un manque de compréhension de la part des non-autochtones. En même temps, les jeunes autochtones et non autochtones sont généralement optimistes quant aux perspectives de progrès significatifs vers la réconciliation au cours de leur vie.
- Un tiers des jeunes autochtones et un jeune non autochtone sur six déclarent avoir participé à un certain type d'activité de réconciliation (par exemple, activités culturelles, éducation, événements communautaires), et environ la moitié des autres expriment un certain intérêt à le faire. Une telle participation à la réconciliation à un niveau personnel semble avoir un impact positif sur la façon dont les jeunes Canadiens abordent les questions autochtones et la réconciliation en particulier (p. ex. avoir une perspective plus informée et positive).
- Les jeunes autochtones et non autochtones au Canada partagent les mêmes objectifs de vie généraux, qui comprennent une carrière réussie ou significative, la famille et les enfants, l'indépendance financière et une vie équilibrée. Les jeunes autochtones accordent une priorité comparativement plus grande aux objectifs éducatifs. Les deux populations se disent confiantes dans la réalisation d'au moins certains de leurs objectifs de vie, mais pour la plupart, les principaux obstacles sont d'ordre financier (revenus insuffisants, endettement élevé) et émotionnel (anxiété, dépression, manque de motivation).
"La similitude des aspirations et de l'optimisme des jeunes autochtones et non autochtones au Canada représente une opportunité remarquable et importante", note Jennifer Brennan, directrice associée de la Mastercard Foundation, "Nous sommes conscients que les résultats actuels des deux groupes ne sont pas du tout équitables. Nous devons tous travailler ensemble - dans tous les secteurs - pour mettre en place les changements systémiques nécessaires pour répondre à cet optimisme".
"Ce type de recherche fournit une forme de preuve importante pour nous dire où nous en sommes dans la réconciliation aujourd'hui, et comment elle évolue au fil du temps", commente Keith Neuman, chercheur principal du projet, "Sans de telles preuves, nous sommes à la merci de l'anecdote et du stéréotype."
L'enquête a été menée en ligne entre le 22 mars et le 29 avril 2019, auprès d'échantillons représentatifs de 682 jeunes autochtones et de 695 jeunes non autochtones (âgés de 16 à 29 ans), répartis dans les 10 provinces et les trois territoires. L'échantillon a été stratifié pour assurer une représentation par région, type de communauté (urbaine-rurale, dans les réserves), sous-cohorte d'âge, sexe et groupe autochtone (Premières Nations, Métis, Inuits), sur la base des statistiques démographiques les plus récentes (Recensement de 2016). L'enquête a été menée en anglais et en français.
Pour plus de détails, y compris le rapport final et les tableaux de données détaillés, consultez le site www.environicsinstitute.org.