Adele et son mari Jean-Marie ont transformé leurs compétences en couture en une entreprise, au profit de leur communauté dans le camp de réfugiés de Kakuma au Kenya.

"Après tout, nous sommes les piliers sur lesquels l'avenir de la communauté des réfugiés sera construit

Jean-Marie, basé à Kalobeyei Settlement, au Kenya, a prononcé ces mots puissants sur le rôle des entrepreneurs dans les communautés de réfugiés. La façon dont lui et sa compagne Adele en sont venus à incarner ces mots a commencé il y a sept ans dans des circonstances difficiles.

Lorsqu'on est réfugié, même des tâches apparemment simples peuvent sembler impossibles. Des ressources limitées, des politiques restrictives et des barrières linguistiques peuvent rendre difficile l'accès à l'éducation, l'obtention d'un emploi ou la prise en charge de sa famille. Sans les protections et les avantages de la citoyenneté, la vie est un combat difficile. Pourtant, face à ces défis, de nombreux réfugiés rêvent, espèrent, apprennent et travaillent dur, de sorte que lorsque la bonne occasion se présente, ils sont prêts à s'envoler.

Voici l'histoire d'Adèle et de Jean-Marie

En 2017, Jean-Marie est arrivé dans le campement de Kalobeyei au Kenya, après avoir fui le conflit au Burundi. Originaire de la République démocratique du Congo, Adele s'est réfugiée au Kenya en 2019, également pour fuir le conflit. La vie était incroyablement difficile, mais cela a changé lorsqu'ils se sont rencontrés. Au fil du temps, ils ont trouvé des moyens de joindre les deux bouts pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Mais comme tant de personnes touchées par le déplacement, ils voulaient plus que survivre : ne pas gaspiller leurs talents, mais les utiliser pour créer une stabilité financière et une vie pleine de sens.

Adele était passionnée par la création de mode. Elle a appris à coudre avec sa grand-mère, et lorsque l'occasion s'est présentée de suivre un cours de couture dans le cadre d'un programme de l'EUMC, elle l'a saisie. La formation lui a permis non seulement d'améliorer ses compétences, mais aussi de décrocher son premier emploi. Grâce à ses encouragements, Jean-Marie a décidé d'apprendre la couture à son tour. Avec le temps, ils ont économisé suffisamment d'argent pour acheter leur première machine à coudre - un moment décisif qui leur a permis, à elle et à Jean-Marie, de lancer leur propre entreprise.

Ils l'ont appelé Peace House Enterprise

Cette première machine a changé la donne. Étant les seuls tailleurs de leur région, ils ont attiré un flux régulier de clients. Ils se répartissaient efficacement les tâches : l'un mesurait et coupait les vêtements, l'autre s'occupait de la couture. Cependant, des limites sont rapidement apparues.

Le manque de machines supplémentaires les empêche de progresser. Elles rêvaient d'équipements tels que des zigzags, des surjeteuses et des presse-boutons, des outils qui leur permettraient d'améliorer leur travail. Un autre défi est l'accès au matériel et à l'espace.

Adèle et Jean-Marie avaient les compétences et la volonté nécessaires pour surmonter ces obstacles, mais ils n'avaient pas accès aux ressources financières et aux connaissances nécessaires pour développer leur entreprise. Les réfugiés au Kenya sont confrontés à d'importants obstacles, notamment l'impossibilité d'ouvrir des comptes bancaires ou d'obtenir des prêts.

Malgré ces obstacles, ils ont gardé une vision claire : une entreprise florissante avec un espace dédié, employant et formant des jeunes de la région, s'étendant à d'autres villages, devenant un fournisseur de matériel de couture à Kalobeyei, et finalement ayant un impact positif à la fois sur les réfugiés et sur la communauté d'accueil.

C'est là que le soutien de l'EUMC a fait toute la différence.

Cette ambition ne pourrait être réalisée qu'avec des services de soutien spécialement destinés aux entrepreneurs.

En travaillant avec des partenaires locaux, l'EUMC offre de la formation professionnelle, du développement de compétences entrepreneuriales, des occasions de réseautage d'affaires et des subventions aux propriétaires de petites entreprises prometteuses dans le camp de réfugiés de Kakuma et à Kalobeyei. Ces programmes fournissent à des gens comme Adele et Jean-Marie les outils dont ils ont besoin pour réussir en tant qu'entrepreneurs, en créant des entreprises qui servent leurs communautés.

Aujourd'hui, Peace House Enterprise emploie 26 personnes et forme 50 étudiants à la couture. L'entreprise est devenue une pierre angulaire de leur communauté, fournissant des services essentiels et des opportunités pour d'autres. Les concurrents leur achètent désormais des matériaux et leurs sources de revenus se sont diversifiées. Grâce à un nouveau logiciel de gestion, ils sont désormais en mesure de tenir des registres détaillés et la gestion des tâches est devenue beaucoup plus facile. Au vu des ventes quotidiennes et des interactions avec les clients, ils envisagent Peace House non seulement comme une entreprise prospère, mais aussi comme un grossiste, un exportateur et peut-être même un importateur, contribuant en fin de compte au bien-être économique du comté de Turkana.

"Je n'aurais jamais imaginé faire quelque chose comme cela auparavant", déclare Adele.

Leur parcours n'a pas été sans difficultés. Un récent incendie a failli détruire leur maison et leur entreprise, et le chaos les a rendus vulnérables au vol. Mais Adele et Jean-Marie restent déterminés. Ils sont en train de construire un nouvel atelier de formation et de couture plus sûr.

Leurs rêves ne s'arrêtent pas là. Jean-Marie imagine un jour où les créations de Peace House Enterprise atteindront un marché mondial. Adele rêve d'offrir un service de garde d'enfants aux employés et aux étudiants, afin d'aider un plus grand nombre de personnes à accéder à la formation sans se soucier de leurs enfants.

Adele est profondément reconnaissante du soutien qui a rendu leurs progrès possibles : " Lorsque vous soutenez l'EUMC, vous créez des occasions pour des gens qui travaillent fort comme nous de bâtir des vies intéressantes ", dit-elle, " Grâce à ce soutien, nous sommes en mesure de subvenir aux besoins de notre famille et d'aider l'ensemble de notre communauté."L'avantage n'est pas seulement économique : une entreprise florissante comme celle-ci inspire d'autres personnes et crée des liens sociaux : "Lorsque nous travaillons ensemble, nous rions, nous parlons et, pendant un petit moment, nous oublions les épreuves que nous avons traversées", se souvient Adele.

Leur histoire s'inscrit dans un contexte plus large : celui de l'autonomie individuelle dans un contexte d'augmentation des populations réfugiées dans le monde entier.

Le Kenya compte plus de 780 000 personnes déplacées, et ce chiffre ne cesse d'augmenter. Bien que l'aide humanitaire immédiate soit cruciale, l'histoire d'Adèle et de Jean-Marie met en lumière l'impact positif du développement des petites entreprises et le rôle qu'il peut jouer pour le développement économique et social dans les contextes de réfugiés.

Les programmes de l'EUMC créent des bouées de sauvetage pour les réfugiés, en leur fournissant un moyen d'atteindre l'autonomie et la résilience. Les dons soutiennent ces programmes, alors n'hésitez pas à faire une contribution si vous vous souciez de ces résultats et si vous les soutenez.

Grâce à votre soutien, l'EUMC crée des opportunités pour des individus qui rêvent grand, travaillent dur et redonnent à leur communauté. Pour reprendre les mots de Jean-Marie, ce que l'EUMC offre est " le programme le plus impactant que j'ai jamais rencontré. Je recommande de tout cœur son expansion et son soutien continu aux entrepreneurs réfugiés. Après tout, nous sommes les piliers sur lesquels l'avenir de la communauté des réfugiés sera construit.

Cet article a été publié le 19 décembre 2024 sur le site de l'EUMC.